Le goût du vinaigre

La sagesse des contes, Alejandro Jodorowski

Dans un tableau taoïste se trouvent trois hommes assis autour d’un pot de vinaigre qu’ils sont en train de goûter .
Le premier fait la grimace , trouvant le vinaigre amer .

Le second fait aussi une mine dégoutée parce qu’il le considère trop acide …et le troisième est ravi, il l’estime excellent.

On dit que le pot de vinaigre, c’est la Vie, et que les personnages sont Confucius, Bouddha, et Lao Tseu.

Le premier, Confucius, pense que la vie est terrible, qu’il faut se créer des cérémonials pour s’y soumettre ensuite .

Le deuxième, Bouddha, dit que la vie est amère, que l’on va mourir, que tout est souffrance et qu’il faut s’efforcer de s’en détacher .

Le troisième, Lao Tseu, est un être positif qui suit le cours des choses. Il dit:
“La vie dépend du point de vue qu’on a sur elle. Mon quotidien est une merveille, parce que c’est moi qui le créé. Je suis la vie “.

Goûter le vinaigre est une image très forte, mais il s’agit de le goûter vraiment, c’est-à-dire de goûter la vie vraiment. Cela amène à acquérir un point de vue plus large du monde. Voilà toute la difficulté du travail que nous avons à faire .
Comment vivre dans ce monde, qui est une véritable menace pour moi avec ses maladies mortelles, sa pollution , son autodestruction?
De la même manière que la menace : s’il y a un virus, je suis l’anti corps, s’il y a une vibration, je suis le calme, s’il y a une guerre, je suis la paix. Je ne suis pas une excroissance “venue d’ailleurs”. Je fais partie du monde.

Si j’ai de beaux sentiments, il existe de beaux sentiments dans le monde. Toute valeur que je réalise appartient à l’espèce humaine.
Si j’allume la lampe de la beauté, la beauté existe quelque part dans le monde. Quand une fleur s’ouvre, c’est le printemps partout.